

1893 ou 1901 ? Philippe Herreweghe avait commencé au disque par la version princeps avant de graver la seconde mouture élargie pour le grand orchestre. Au Théâtre Wielki, il revient à l’original, certain de préférer l’œuvre sans les connotations saint-sulpiciennes que l’éditeur avait encouragées.
Une émotion supplémentaire ajoute, par rapport à l’enregistrement de studio, une notion séraphique, un allégement, une lumière qui éloignent l’idée de la mort et ne tombe pas dans le cliché de la berceuse : l’infini modelé du Collegium Vocale et la pureté de ses sopranos y sont pour beaucoup, ils introduisent une touche réflexive, une dimension spirituelle quasi philosophique dont les solistes – admirable chant droit de Krešimir Stražanac, débarrassé de toute onction, opalescence du soprano de Dorothee Mields – se gardent bien de faire diversion.
In Paradisum peut résonner, si libre de respiration, avant que le Begräbnisgesang de Brahms ne déploie son sombre cortège, la nuit après l’aurore, la ténèbre face au Paradis, contraste d’autant plus saisissant qu’ils partagent le même recueillement.